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ANATOMIE DE L'OREILLE
Le conduit auditif externe (CAE) se compose de deux parties : une première, verticale, puis une seconde, horizontale, qui aboutit au tympan. Cette forme en L rend impossible l'évacuation naturelle de substances pathologiques hors du conduit auditif et explique leur accumulation. La faible aération du CAE favorise, en outre, la macération.
La peau du CAE est riche en glandes (sudoripares apocrines et sébacées), responsables de la production du cérumen. Lors d'otite, l'activité des glandes apocrines cérumineuses augmente et elles prennent un aspect kystique. Des poils sont souvent implantés dans le CAE. Leur densité varie en fonction de la race et des individus.
ASPECTS CLINIQUES
Les signes cliniques sont assez caractéristiques et semblables : au départ on constate du prurit ou de la douleur et éventuellement une mauvaise odeur. On note également un port d'oreille anormal, des frottements, un grattage, des mouvements de tête ou d'agressivité. Deux types d'affections doivent cependant être distinguées il s'agit de l'otite érythématocérumineuse et de l'otite suppurée.
Lors d'otite érythémato-cérumineuse, un érythème (rougeur du CAE) est associé à une sécrétion excessive de cérumen épais. L'aspect des sécrétions est variable. Elles peuvent être brunes, noiratres et sèches, ou brunes, claires et épaisses. Le prurit est toujours marqué dans ce type d'otite (photos 1, 2 et 3).
Lors d'otite suppurée, une odeur intense est associée à un pus abondant, variable selon le germe en cause (photos 4 et 5). Un bruit de clapotis est parfois noté quand le chien secoue la tête ou lorsqu'on masse délicatement la base de l'oreille. Le prurit, à l'origine de grattage et de mouvements anormaux de tête, entraîne fréquemment des lésions des pavillons auriculaires : desquamation, alopécie (chute des poils), othématome (collection de sang entre les deux feuillets du pavillon auriculaire) et parfois dermite pyotraumatique. Les pavillons auriculaires sont souvent oedématiés.
On peut également distinguer des otites aiguës (dont l'apparition est brutale) et des otites chroniques (qui surviennent progressivement et lentement et durent longtemps).
En fin, il faut noter que certaines otites sont bilatérales (les deux CAE sont atteints) alors que d'autres sont unilatérales. |
Photo 1: otite érythémato-cérumineuse chez un chien atteint de dermite atopique.
Photo 2 : otite érythémato-cérumineuse aiguë (infection par Malassezia pachydermatis).
Photo 3 : otite cérumineuse chronique (infection par Malassezia pachydermatis). |
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ETIOL
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ETIOLOGIE DES OTITES EXTERNES
Ectoparasitoses
Otodectes cynotis est un acarien, très fréquemment à l'origine d'otite externe. L'otacariose pourrait représenter jusqu'à 10 % des cas d'otite chez le chien. Un simple écouvillonnage, suivi d'un examen au microscope, permet le plus souvent de mettre facilement en évidence l'acarien responsable et ses oeufs.
Demodex canis, lors du développement d'une démodécie généralisée, peut également être l'agent d'une otite externe.
D'autres parasites peuvent être à l'origine d'otite, suite au grattage car leur localisation primitive n'est pas auriculaire (Sarcoptes, larves de Trombicula).
Dermatites allergiques
Une otite érythémateuse peut être le premier signe d'une dermatite atopique chez le chien. Dans 50 % des cas de dermatite atopique et d'allergie alimentaire, une otite est présente. Elle est le plus souvent bilatérale. Il pourrait s'agir de la cause la plus fréquente d'otite chez le chien. Les allergies de contact après utilisation de produits nettoyants ou traitants sont très rares.
Dysendocrinies
Une otite érythémato-cérumineuse, souvent chronique, peut accompagner les principales dysendocrinies (dérèglements hormonaux), car elles sont responsables de séborrhée métabolique, avec production accrue de cérumen.
Pyodermites
Une otite externe suppurée de proximité peut se développer au voisinage d'une lésion infectieuse de la face. Elle est de règle lors de cellulite juvénile (pseudo-pyodermite), dans laquelle l'atteinte auriculaire avec érosion et suppuration est très importante et délabrante pour l'animal atteint.
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Traumatismes
Une otite externe uni ou bilatérale peut apparaître suite à un nettoyage traumatisant. L'utilisation de produits ou matériels inadaptés ou irritants lors du nettoyage est une autre cause d'otite. Un épillet de graminée peut se loger dans le conduit auditif (le plus souvent après une sortie dans les prés : promenade, chasse) et déclencher une otite unilatérale suppurée très douloureuse (le chien porte la tête penchée). Des bourres de poils feutrés, dans le conduit des chiens à hypertrichose auriculaire, obstruent le CAE et engendrent macération et infection.
Dermatites auto-immunes
Des otites ulcéreuses sont fréquentes lors de certaines maladies auto-immunes (quand l'animal sécrète des anticorps contre lui-même) à localisation cutanée (pemphigus foliacé ou pemphigus vulgaire) ou générale (lupus érythémateux disséminé). Ces lésions du pavillon auriculaire et du CAE peuvent d'ailleurs être les seuls signes cliniques de la maladie.
Tumeurs
Peu fréquentes, on rencontre des tumeurs bénignes (papillome, adénome sébacé, céruminome bénin, fibrome) et des tumeurs malignes (épithélioma spino-cellulaire, carcinome sébacé, céruminome malin, fibrosarcome).
Ces causes variées d'irritation et d'inflammation du CAE prédisposent à la multiplication d'agents pathogènes secondaires, tels que les bactéries et les levures. Les bactéries les plus fréquemment isolées lors d'otite externe chez le chien sont Staphylococcus intermedius et Streptococcus (cocci gram+) et Pseudomonas et Proteus (bacilles gram-). Malassezia pachydermatis est une levure retrouvée à l'état normal en faible nombre dans le conduit auditif des chiens sains. Sa présence en grand nombre est pathologique. Candida albicans est également une levure, que l'on isole (rarement) du CAE du chien. Sa présence y est toujours pathogène. |
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DIAGNOSTIC
Afin d'identifier et de traiter la cause de l'otite, un diagnostic étiologique est nécessaire. Il recquiert un examen rapproché et un examen otoscopique du conduit auditif, ainsi qu'un examen microscopique du cérumen. Selon le type d'otite observé, la recherche d'une cause sous-jacente peut être nécessaire. Lors d'otite suppurée, une culture bactériologique et un antibiogramme (donc le recours à un laboratoire) sont parfois indispensables pour déterminer le germe en cause et choisir un antibiotique adapté.
TRAITEMENT
L'otite externe du chien nécessite avant tout un traitement local.
Il est précédé d'un nettoyage du CAE réalisé régulièrement (idéalement 2 à 3 fois par semaine), avec une poire à lavement - embout n°4, 5 ou 6 - ou une seringue montée sur une sonde souple. Les solutions nettoyantes sont détersives, antiseptiques, céruminolytiques, et éventuellement analgésiques. L'alcool et l'éther sont irritants. Des solutions prêtes à l'emploi sont disponibles en dermatologie vétérinaire à utiliser pures ou à diluer dans de l'eau tiède. Après instillation, le produit résiduel chargé de débris est récupéré par aspiration. L'opération est renouvelée jusqu'à obtention d'un liquide propre. Le conduit est ensuite asséché avec du papier absorbant ou du coton. L'animal est enfin libéré afin qu'il puisse secouer la tête. Toutes ces opérations doivent être réalisées avec douceur afin de ne pas endommager les conduits.
Le choix de la solution otologique utilisée après nettoyage dépend de la cause de l'otite et doit venir du vétérinaire.
Des acaricides sont utilisés lors d'otacariose, deux fois par semaine pendant au moins un mois, car les oeufs de parasites sont insensibles aux acaricides. Des antifongiques sont indiqués lors d'isolement en grand nombre de Malassezia ou, plus rarement, de Candida. Des antibiotiques sont choisis, soit empiriquement, soit en fonction du résultat du laboratoire. Les corticoïdes sont nécessaires en cas d'otite allergique ou lorsque la production de cérumen est intense. Ils limitent l'inflammation, le grattage et les sécrétions. Les anesthésiques locaux peuvent également contribuer à calmer les démangeaisons ou la douleur. Des céruminolytiques sont utilisables lorsque le CAE est obstrué ou lorsque le lavage est inefficace.
Il faudra choisir les préparations commerciales qui présentent l'association de substances actives et de l'excipient les mieux adaptés : on utilisera de préférence des solutions huileuses en cas d'otite cérumineuse (lorsque le canal est très encombré) et des solutions liquides lorsque l'otite est suppurée.
Les traitements généraux sont le plus souvent inutiles. Ils ne sont indiqués qu'en cas d'otite grave, ou lorsque les remaniements du conduit auditif empêchent l'instillation de substances actives localement. Ils sont en revanche indispensables en cas d'otite moyenne ou interne, c'est à dire quand les portions profondes du conduit auditif sont atteintes.
Le traitement chirurgical n'est à envisager qu'en cas d'otite rebelle aux traitements classiques médicaux. Dans la majorité des cas il est inutile car la thérapeutique symptomatique et étiologique est suffisante : le plus souvent le recours à la chirurgie signe le passage à la chronicité car la cause sous-jacente au développement de l'otite n'a pas pu être identifiée à temps...
CONCLUSION
L'otite externe est une affection fréquente dont le traitement doit être à la fois spécifique et dirigé contre la cause, ce qui implique une démarche diagnostique soigneuse. De nombreux produits sont disponibles à l'heure actuelle sur le marché de la cosmétologie vétérinaire, qui sont adaptés à différents types d'otite externe. Il faut les choisir avec soin, afin de pouvoir utiliser le plus adapté à l'affection en cause. Un nettoyage régulier des conduits auditifs externes doit être fait chez les chiens à risque, car il évite l'accumulation de substances pathologiques et la macération du conduit auditif, et agit donc à titre prophylactique.
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